Je vous écris d’un pays qui soit disant n’existe pas.

Ttotte Etxebeste

Je vous écris d’un pays qui soit disant n’existe pas. Car, un jour, les puissants qui dessinent les cartes, et marquent les frontières, ont décidé qu’il en serait ainsi. Je vous écris d’un pays d’où la trace des anciens Atlas a été effacée. Je vous écris d’un pays, oublié par les livres d’histoires officielles. Je vous écris d’un pays qui pourtant existe, il bat dans mon cœur et dans mon âme, comme il bat dans celui de milliers d’autres.

C’est une petite parcelle de terre, sur notre planète, où il n’est pas question de race, de couleur, pour être de cette terre. Elle est depuis la nuit des temps une terre de passage, elle a vu passer les romains, les wisigoths, les maures et les francs et bien d’autres au fil des siècles. Elle a aussi vu passer tant et tant d’errants, de marchands et de pèlerins.

Puisque l’espèce humaine, parait-il, est apparue en Afrique, cette terre à l’origine devait être vierge. Nous sommes arrivés là par hasard, venus de je ne sais où, émigrants, ou naufragés elle nous a accueillis. Au fil du temps, nous l’avons labourée, avons semé des mots et des mystères, jusqu’à en faire naitre une langue à nulle autre pareille. Une langue qui vous emporte dans un voyage millénaire, jusqu’aux portes de la préhistoire. Par la suite, elle a vu naître le latin et l’a vu mourir. Elle a résisté à toutes les invasions, elle a résisté au temps, aux lois, aux dictâtes des puissants. Ce n’est pas une langue, c’est une âme, un chant, un cri, c’est un souffle, une respiration.

De ces émigrants, de ces naufragés elle en a fait un peuple ; un peuple de bergers, d’ouvriers et de marins. Des bergers pour nous enraciner à la terre, des ouvriers pour forger un destin, des marins pour s’ouvrir vers d’autres horizons, sans esprit de conquête. Elle en a fait des femmes et des hommes libres. Toi qui n’es pas né de cette terre, si tu désires t’enraciner à elle, il te suffira de créer ce lien invisible avec cette langue, cette culture. N’oublie jamais, comme nous, nous ne devons pas l’oublier, cette terre ne nous appartient pas, c’est nous qui lui appartenons.

La colère et la résistance soulève encore ce peuple, lorsque les puissants remettent en cause sa liberté, lorsqu’on bafoue sa langue. Ou lorsque les marchands du temple arrivent voulant acheter cette terre pour en faire un petit coin de carte postale. Il n’y a pas si longtemps encore les nuits étaient souvent bleues.

Ce pays, ce peuple est debout depuis des siècles, ce peuple fait face à tous les envahisseurs. Debout et fier de ce qu’il est, sans pour autant sombrer dans le chauvinisme, ni dans la haine de l’autre. Ni supérieur ou meilleur que les autres mais simplement debout voulant être un peuple heureux, dans un pays libre.

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